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Geneviève est le numéro huit des enfants de Ferdinand Lancrenon et Marie Labouré. Elle est née le 2 octobre 1888 à Paris VIème.
A cinq ans, une lettre d’une de ses grands-mères disait que la petite Geneviève était bien mignonne, mais qu’il faudrait faire attention, car elle avait une fâcheuse tendance à la paresse. Dans sa jeunesse, elle a attrapé la typhoïde qui lui fit perdre définitivement une partie de ses cheveux.
Comme toutes les jeunes filles de bonne famille, elle a arrêté ses études au brevet. Elle a pris soin de sa mère dans les dernières années de sa vie, l’accompagnant en Suisse et à Hyères, pour y soigner sa tuberculose. Elle avait par ailleurs des dons d’artiste en peinture et a peint de très belles aquarelles, représentant des natures mortes aux fleurs.
Elle a épousé à l’âge de 24 ans, le 17 décembre 1912, Albert Jacqmin, fils d’une famille d’ingénieur des chemins de fer, et dont elle a eu 10 enfants.
Elle a considéré chacun de ses enfants comme un don du ciel, dirigeant tout son petit monde d’une main de fer dans un gant de velours. Elle accueillit même les quatre aînés de sa fille Annie, pendant leurs études à Paris. Aucun de ses enfants n’a été privé de son amour, malgré les soucis particuliers pendant la guerre, avec les problèmes de santé de son fils aîné Xavier, l’absence de nouvelles de Bernard au Tonkin, de Pierre et Henri dans le maquis du Cantal, puis en 1951, l’épreuve de la mort de Xavier.
Chaque année, elle partageait avec ses enfants ses vacances, entre le Plessis en Bretagne et Juzennecourt. Ses neveux et nièces l’appelaient « Tante Yette ». Puis, en 1927, son mari, Albert a acheté Le Ladoux, en Dordogne : il avait cherché un lieu de vacances pour sa famille, distant de Paris d’une nuit de chemin de fer permettant un changement d’air bénéfique, tout en évitant l’Est et le Nord, compte tenu des risques d’invasions allemandes, ainsi que la proximité des rivières et les risques d’inondations. Le Ladoux situé à une altitude de 230m et à 485km de Paris, manquait singulièrement d’eau et répondait à tous ces critères. Le Ladoux servit de point de chute en 1940 pour une partie de la famille et de quelques amis fuyant l’envahisseur. Pendant la guerre, elle s’installa à Périgueux avec ses enfants encore au foyer. Après le bac, ces derniers rejoignirent leur père à Paris, pour y poursuivre leurs études. Le Ladoux a été le lieu de vacances de tous ses enfants et petits- enfants pendant des années, jusqu’à ce que certains optent pour un achat d’un autre lieu de villégiature. Geneviève était très accueillante et était heureuse lorsqu’elle était entourée du plus grand nombre d’entre eux. Elle ne voulait pas que ses petits-enfants aillent en colonie, offrant de les garder près d’elle. Une exception était les scouts. Au Ladoux, il n’était pas rare de nous retrouver à plus d’une trentaine, avec la table des adultes et celle des enfants.
Elle adorait ses frères et les recevait régulièrement, quand bien même certains échanges donnaient l’impression de dialogues de sourds : l’important était d’être ensemble et ils se comprenaient. Cette vie intense de famille l’obligeait à être très économe ce qui se comprenait. Au Ladoux, elle portait une attention particulière aux œufs qu’elle allait elle-même ramasser. Pour une galette de nouilles pour douze personnes, elle estimait que trois œufs suffisaient. Loin d’être paresseuse, Geneviève fut ainsi une femme très occupée, tant par la cuisine, la couture, le raccommodage… Ses mains étaient toujours en activité, disant que le temps perdu ne se rattrape jamais. Elle aimait surtout broder et tricoter et n’hésitait pas à enseigner patiemment le tricot à toutes ses petites filles. Elle a tricoté jusqu’à la veille de sa mort pour ses petits-enfants.
Elle a dû déménager, fin 1968, et quitter son vaste appartement de la rue de Vaugirard pour un appartement plus petit, d’abord place Dupleix où elle y demeura deux ans, puis à Issy-les-Moulineaux, pour une petite année, où elle termina sa vie, aidée d’une femme de compagnie.