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10 ENFANTS _ EMMANUEL

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Emmanuel

Emmanuel Lancrenon

Emmanuel, né en 1886, est le frère jumeau de Maurice Lancrenon.

Médecin et externe des hôpitaux de Paris, il change d’orientation et il est ordonné prêtre à la veille de la guerre de 1914. Il fait toute la guerre comme médecin de régiment, toujours en première ligne, allant chercher les blessés sous les tirs ennemis, d’une bravoure légendaire. A la bataille du Chemin des Dames, il est victime des gaz et ses poumons en resteront abîmés pour la vie.

Après la guerre, il doit faire un long séjour en sanatorium en Suisse. Les conditions n’y sont pas idéales pour un prêtre ou un séminariste. La tuberculose fait des ravages : il faut créer en France un sanatorium pour le clergé. Pour cela, il doit se battre contre l’inertie ecclésiastique, pourfendre les préjugés, s’obstiner.
Un jour, il enlève littéralement en voiture le cardinal Maurin, primat des Gaules, pour lui montrer le site de Thorenc. (où devait s’installer le sanatorium). Une autre fois, il le réveille à 7 h du matin pour lui demander une signature. Enfin, le sanatorium peut ouvrir et des centaines de prêtres et séminaristes y retrouveront la santé. (consulter ici le portrait d’Emmanuel dans la Revue Espérances de 01/1962 où l’anecdote est évoquée)

Après quelques années à la paroisse St-François-d’Assise dans le quartier des Buttes-Chaumont, l’abbé Lancrenon est nommé en février 1940 curé de St-Germain-des-Prés, la chère paroisse de sa jeunesse. Le 25 mai 1941, alors que ses nièces Jacqueline et Marie-Françoise passaient lui rendre visite en sa paroisse, elles apprirent que Monsieur le curé venait d’être arrêté par les Allemands. Il fabriquait de faux papiers pour aider les évadés à passer la ligne de démarcation. Interné à la prison du Cherche-Midi, il passera plusieurs mois dans les geôles allemandes.

L’abbé Lancrenon est enfin libéré pour raisons de santé. Il passera la fin de la guerre à l’Infirmerie Marie-Thérèse. Au début du mois d’août 1944, on vient lui offrir une place au Comité Parisien de Libération. La légende veut qu’à la Libération, il ait été le seul avec Maurice Thorez à mettre courageusement le nez hors de l’Hôtel de Ville pour accueillir le Général de Gaulle qui arrivait sous la fusillade. Dans une version plus plausible, le Général le découvrant parmi les membres du Comité, lui aurait dit « Monsieur le Curé, j’ai su vos souffrances. Je suis heureux de vous voir ici. »

Il a une influence manifeste au Comité Parisien de Libération et ses interventions permettront d’aplanir bien des difficultés. En 1945, Il est nommé curé de la Trinité et cède sa place de conseiller municipal à son frère Maurice.

La fierté de Monsieur le Curé, c’est la chapelle Sainte-Rita. Boulevard de Clichy, juste en face du Moulin Rouge, un immeuble était à vendre. Grâce à un emprunt lancé auprès de ses paroissiens, Monsieur le Curé l’achète et transforme le rez-de-chaussée en chapelle dédiée à Sainte Rita, femme battue, patronne des causes désespérées.

Le chanoine Lancrenon entretient d’affectueuses relations avec le nonce apostolique, Mgr Roncalli. Plus tard, à Rome, celui-ci, devenu Jean XXIII, l’accueillera comme un ami en s’écriant à son arrivée « Voilà la Sainte-Trinité ! »

Prêtre, le chanoine Lancrenon est resté médecin jusqu’au bout des ongles. L’assemblée des archevêques soumet à son examen tous les cas psychiques qui peuvent se poser parmi les membres du clergé. Il appartient toujours au conseil du sanatorium de Thorenc.

En 1955, à 69 ans, il renonce à sa cure de la Trinité, estimant n’avoir plus les forces physiques suffisantes. Mais il ne reste pas inactif ! Il a toujours eu l’obsession de réconcilier ceux qui ont souffert ensemble. Il organise pèlerinages et rencontres entre anciens adversaires, à Lourdes, au Mont Cassin où l’on s’est tant battu. Il se consacre à l’Association des Prêtres Anciens Combattants.

La mort l’a pris en 1961, au moment où il mettait sur pied une nouvelle manifestation de réconciliation franco-allemande, avant l’inauguration, en Belgique, d’un monument, une immense croix d’acier, élevé au souvenir de ses camarades du 418e d’infanterie morts, victimes des gaz, à Steenstraate. Rien ne peut mieux résumer le sens de sa vie que ces paroles prononcées par lui au cours d’une réunion de médecins anciens combattants : “Etre, au milieu des combats et des haines, ceux qui ne tirent pas, mais qui de tous leurs moyens, au péril de leur vie, ont toujours cherché à sauver la vie des autres, sans distinction de compatriotes, d’alliés ou d’ennemis, n’est-ce pas sur le plan spirituel et moral le geste le plus beau et le plus enviable?”